Souvenir lyonnais
La magie de l'ailleurs. Je l'ai trouvé près de chez moi, dans un été de mon enfance. Je dévalais sous un ciel lyonnais étonnamment bleu, le pavé de la Montée de la Grande-Côte. Les odeurs de poivrons grillés s'entremêlant à la coriandre s'échappaient des cuisines aux croisées ouvertes. Les interpellations familières et familiales résonnaient de part et d'autre de la chaussée. Les vieux devisaient depuis leur chaise en paille appuyée aux murs décrépis des immeubles pas encore promis à une réhabilitation déjà nécessaire. Les enfants riaient, pleuraient, criaient, se dérobaient en débandade à l'appel de leur mère. Le linge profitait du soleil pour s'égoutter, comme là-bas, accroché au garde-corps des fenêtres. Les gueules de "pas d'ici" tropicalisait le quartier. Même la brise jouait la marine dans ce pays si proche du Mont Blanc, à le toucher du regard les jours sans nuage. Ma Croix-Rousse populaire vibrait et j'était fière d'en être.