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Souvenir lyonnais

La magie de l'ailleurs. Je l'ai trouvé près de chez moi, dans un été de mon enfance. Je dévalais sous un ciel lyonnais étonnamment bleu, le pavé de la Montée de la Grande-Côte. Les odeurs de poivrons grillés s'entremêlant à la coriandre s'échappaient des cuisines aux croisées ouvertes. Les interpellations familières et familiales résonnaient de part et d'autre de la chaussée. Les vieux devisaient depuis leur chaise en paille appuyée aux murs décrépis des immeubles pas encore promis à une réhabilitation déjà nécessaire. Les enfants riaient, pleuraient, criaient, se dérobaient en débandade à l'appel de leur mère. Le linge profitait du soleil pour s'égoutter, comme là-bas, accroché au garde-corps des fenêtres. Les gueules de "pas d'ici" tropicalisait le quartier. Même la brise jouait la marine dans ce pays si proche du Mont Blanc, à le toucher du regard les jours sans nuage. Ma Croix-Rousse populaire vibrait et j'était fière d'en être.

Le mot voyageur

Des mots. Ils viennent parfois à l'aube, comme une chanson, comme un regret, comme un espoir. Des rouges, des blancs, des verts, des noirs. Ils se tournent autour, s’enlacent ou se cognent. Ils s'offrent et parfois se refusent. Entre le clair et l'obscur. Entre le cri et le silence. Dans le rire et dans les larmes. Les mots sont panseurs et les maux sont penseurs. Ils se détachent et suivent leur chemin. Qu'ils soient faciles ou non à écrire ou à dire, les mots sont un don que je veux partager.