Le banc
La présence.
Je ne connais aucun endroit sur terre
ferme où le banc ne serait pas à sa place. Même au sommet d'une
montagne, aussi surprenant soit-il, sa présence deviendrait
immédiatement légitime. Qu'il soit déjà occupé où complètement libre. La juste largeur pour s'assoir est plus qu'il
n'en faut de longueur pour étendre ses bras et contempler, l'air satisfait et prospère,
un paysage où une scène de rue. Un instant de grâce. Le
bonheur simple d'être un élément du tableau. Parce que ce banc, immobile, ancré, stoppe la frénésie, invite à prendre conscience du
temps, de l'espace, des saisons qui passent. Se sentir à sa place
enfin. Légèrement suspendu au-dessus de sa vie. Le banc est au
centre du monde.
L'invitation.
Le banc au soleil est une star en
hiver. Celui à l'ombre remporte les palmes de la convoitise en été.
En toute circonstance il est un réconfort. Manger, lire, écrire, se
confier, écouter, échanger, regarder, contempler, surveiller,
rêver, réfléchir, pleurer, se reposer, se ressourcer, rencontrer... le banc chasse l'impatience de l'attente trop longue. Il est le lit
des sans abri. Il est l'abri des anonymes.
Le héros
Quand le banc est envahi par une bande
de copains agglutinés en grappe tapageuse, entremêlant leurs
membres avec le dossier et l'assise de l'hôte, l'empreinte qu'il
laisse dans mes souvenirs fusionne discrètement avec les personnages
de mon histoire. Présence pudique : quand les visages s'estompent,
l'objet devient le héros.
Un hiver, il y a longtemps, 2013 peut être ?
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