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Pebrocs story

Ma mère confectionnait alors des parapluies Chacun lui rapportant de trébuchants centimes Dans la vaste cuisine de la rue d’Austerlitz Toutes toiles tendues brandissant leur ennui Les pépins déployaient en voiles maritimes Leurs couleurs dégradés dans le soir anthracite Murmure dans ma mémoire une chanson joyeuse Mes souvenirs s'abritent sous une jupe soyeuse Devant nos yeux d’enfants assoiffés d’aventures S’ouvrait un long périple sur la mer démontée Ignorants les baleines au milieu des abîmes. Vers notre destinée, entre les armatures, Nous voguions, mon frère, moi et nos deux cœurs légers De pébroc en pébroc sur nos chevaux sublimes. Oublieux du meublé, bien loin des jalousies Et dans nos mains les rênes de notre fantaisie. Un jour elle est partie laissant là son ouvrage Pour quelque affaire urgente mais néanmoins secrète En troupeau les pépins passés à la vapeur S’ébrouaient accroupis en l'attendant bien sage Et j’étais assurée devant leur silhouette ...

J'écoute Drazel

Sur les plages bleuies D'intempéries bretonnes Les anges bavards fredonnent Des murmures infinis Un air de vague a l'âme Rêve échoué d'une femme Deux cités englouties S'éteignant dans deux nuits. Au tempo de ton cœur je m'accorde en douceur. Il était une fois Il était une voix J'écoute Drazel et je l'entend parfois. J'écoute Drazel et parfois je m'entend. Parfois Il a gravé son nom Et j'entends le prénom S'épeler dans ma mémoire. De sagesses en folies, D'adieux en au revoir, Pas de place pour l'oubli Le temps, ce magicien, Conjugue en clair obscur Sur les trames du passé Dont il est le gardien, Espiègle et sensé, Les toiles de soies pures. J'écoute Drazel et je l'entend parfois. J'écoute Drazel et parfois je m'entend. Parfois Des fils qui nous lient Certains ne peuvent se rompre Des amours passées les ombres S'interpellent à l'envie En d'infinies fractales. Des...

Mercredi

La pluie en gouttes lourdes martèle le toit Me réveille avant l'heure. J'écoute la nuit : Une voiture passe, un chien aboie. Des sons noyés, des échappées de bruits. Mon souffle, mon cœur souligne le silence Capitaine au long court de ma mélancolie Errante. Du refuge de tes bras, en carence. Il me manque toi ce matin dans ma vie. La pluie en gouttes lourdes martèle le toit Je suis réveillée. La ville s'ennuie Un volet lointain claque sur mon émoi Dans les premières lueurs de ce mercredi gris. Ton odeur sans le son de tes vagues respires Ma joie est au reflux. Ma chambre est orpheline. Les ombres en partance te racontent et m'inspirent Ton absence est douce. Par elle je t'imagine. Il me faudra l'aurore et sa houle efficace Sur le flot supportant cette journée naissante. Naviguer jusqu'au soir jusqu'à ce que s'efface Le souvenir même de cette pluie blessante.

A Vous

À vous Mes amants d’occasion, Mes amis sexuels, Mes fugaces passions, Mes tendres infidèles. Je me souviens de vous, De ces temps insouciants  Des amours sans tabous  Et sans engagement. Je me souviens de vous, Quelques rares chagrins, De vos tendresses surtout  Mais de promesses point. Quand il m’est arrivé De me perdre en chemin Et par erreur tombée  En de mauvaises mains, Je le sais maintenant, Votre virile douceur  Avait semé céans Une graine de bonheur. Je vous fais un aveu: En croyant me voler  Vous m’avez pris si peu. Vous m’avez tant donné ! Vos étreintes délicates De géants paternels Vos désirs diplomates Pour le jeu passionnel, Je m’y suis trouvée belle Et vous me l’avez dit Du fond de vos prunelles  Et jamais démenti. Car m’avez vous quittée ? Un jour dit : c’est fini ? Vous m’avez bien aimée Et de vous j’ai appris.  Je me suis accusée À tort d’inconstance De m’être éparpillée D’aimer en alterna...

Poème sombre

Rouge, nuit, rouge, pluie, rouge Les ailes, prisonnières du vent Font battre le cœur du géant Sur l'asphalte le voile tombe Plus de paix sous les bombes Tout est vain. Du rire au crime Il n'y a plus rien ici Que du bruit ! Des rêves en lambeaux s'élancent A la conquête du néant Colombes sans arrogance Sans aile et sans océan Sur les vagues de l'agonie Vaincu, l'amour est banni Que devient la résilience Quand s'est tu le silence ? Tout est vain. Du rire au crime Il n'y a plus rien ici Que du bruit ! Le cœur du géant enchaîné Se déchaîne en chamade Il n'y a plus rien à tenter C'est la fin des barricades, Le triomphe des adorateurs Aux mains trop bien lavées C'est la défaite des cœurs Qui ne s'entendent plus aimer Tout est vain. Du rire au crime Il n'y a plus rien ici Que du bruit ! Rouge, nuit, rouge, pluie.

Blessures

Comment quitté ma peine Mon ciel est assombri Elle a posé, ma reine, Un voile lourd sur ma vie Elle s’est mise en colère Elle me voulait complice Que je mène ses guerres Ma vie en sacrifice. Elle a creusé autour de moi Un abîme d’indifférence Et je ne comprends pas pourquoi Elle m’a retiré sa confiance Je me reproche maintenant L’imperfection de mon amour Mes attentes n’étaient ni d’argent Ni d’or. Son estime en retour. Hier encore ses bras m’enlaçaient Comme si j’étais un’ petit’ fille Un geste ancien et sans passé Un geste nu. Tendre et gentille. Mais il résonne comme un adieu Ses souvenirs et ses démons, Sur ce dernier bout caillouteux, Elle en a fait ses compagnons. Au cimetière de mes attentes Je dois aller me recueillir Sonder le vide de l’absence Il me reste tant à grandir Mon héroïne, ma mère, mon ange A l’âme pure, au cœur blessé. Tu n’invoques que des souffrances Quand tout devrait s’être apaisé. Juillet 2019